peintures à base d'eau


 peintures de voiture à base d'eau

Seules les couches de couleur à base aqueuse ou à très haute teneur en solides (émail de polyuréthane), les apprêts, les «transparents» et les produits de préparation de surface à basses émissions de c.o.v. seront tolérés à partir du premier janvier 2009. Les ateliers de carrosserie auront besoin d'une mise à niveau de leurs équipements pour s'adapter à ce changement qui implique le déplacement d'un plus grand volume d'air, un meilleur contrôle de la pureté, de l'humidité et de la température de cet air et des équipements de pulvérisation adaptés. Un entraînement du personnel sera indispensable.

À moins que vous ne soyez parmi la soixantaine d'ateliers québécois qui ont transformé au moins une partie de leurs opérations pour la peinture à l'eau, vous verrez bientôt les produits que vous utilisez tomber sous le coup de l'illégalité. Tout produit ne respectant pas les normes de c.o.v. d'Environnement Canada sera banni de fabrication, importation ou vente. La bonne nouvelle est que vous pourrez prendre votre temps pour disposer des stocks achetés avant la date fatidique. L'histoire ne dit pas si vous pouvez acheter pour quelques années d'inventaire, mais, bon, la peinture a une durée de vie, quand même. La surveillance va se porter surtout sur la vente et la distribution, pas sur l'atelier comme tel.

Pourquoi tout ce tracas?

Le gouvernement du Canada veut réduire l'émission de gaz polluants. Les solvants généralement utilisés en peinture en font partie. Ce sont des composés organovolatils, qui entrent dans la composition du smog. Nos ateliers de carrosserie en émettraient environ cinq kilotonnes par année. Le nouveau règlement n'éliminera pas les c.o.v. mais les réduirait de 40%. Les solvants sont le deuxième plus important émetteur (23%) de gaz à effet de serre après les gaz d'échappement (33%).

Qu'est-ce qui est visé?

Toute peinture, nettoyant ou fini utilisés sur une surface d'un véhicule à moteur ou d'un équipement mobile, incluant automobiles, motocyclettes, camion, remorques, véhicules d'entretien ou équipement de ferme.

Comment se préparer au changement?

Si cela n'était pas déjà fait, consultez vos fournisseurs de produits de finition. Si on ne sait pas très bien vous répondre, voyez un concurrent: votre manufacturier est probablement en train de manquer le bateau. Ne vous en faites pas pour vos stocks : vous pourrez utiliser vos peintures, colorants et vernis jusqu'à épuisement.

Comment donner des dents à une telle loi?

Douanes Canada va surveiller toute importation. Des visites seront aussi faites sporadiquement dans des ateliers et les autorités environnementales provinciales et, s'il y a lieu, municipales seront mises à profit pour intervenir. Les amendes seront salées, promet-on, mais on ne sait pas encore si elles viseront le manufacturier ou l'atelier.

Est-ce que tous les ateliers sans exception devront se conformer?

Oui. Les produits actuels qu'ils utilisent et qui ne sont pas en deçà de 3,5 lb/gal. ne se conforment pas. En refinition automobile, cela signifie le changement vers la base hydrodiluable (eau), alors qu'en refinition commerciale cela signifie des polyuréthanes à haute teneur en solide... tel le Imron Élite ou le Uno HD.

Quelle est la grosse différence entre les couches de bases propulsées à l'eau et au solvant?

Dans la couche à l'eau, la peinture alliée à un minimum de solvant est en suspension dans le liquide, au lieu d'être dissoute uniquement dans du solvant. C'est un peu comme une vinaigrette où l'huile est mixée en gouttelettes très fines dans le vinaigre. L'eau s'évapore, ne laissant en place que la peinture dont le solvant s'évapore à son tour.

Y a-t-il une grosse différence dans les coûts des deux techniques?

Le prix dépend de la concentration du pigment. La peinture hydrodiluable a une concentration supérieure de près de 25 %. Il y a plus de pigment dans le contenant, ce qui explique le pouvoir couvrant supérieur et par le fait même un nombre de couches réduit de moitié. On sauve ainsi du temps sur chaque "job". La plupart des carrossiers québécois qui l'ont essayée témoignent au bout de compte qu'une fois les coûts des changements de système d'air, de pistolets, de nettoyage et de séchage « digérés », c'est somme toute soit moins cher, soit assez semblable.

Quel est le pourcentage comparatif de solvant qu'on retrouve dans les produits à base d'eau et les produits communément utilisés aujourd'hui?

Les produits vaporisés avec une base d'eau ont de 55% à 90% moins de solvant. La résultante est une diminution de plus de 70% des émissions pour l'atelier de carrosserie.

Comment se fait le contretypage avec la peinture à l'eau?

La plus grande inquiétude ici vient du fait que la couleur de la peinture à l'eau change drastiquement entre l'aspect plutôt laiteux qu'on observe dans la boîte et la peinture une fois séchée. Le reste du contretypage se déroule de la même façon qu'avant selon les fabricants.

La productivité sera-t-elle affectée?

Un atelier bien équipé conservera sa productivité ou l'augmentera vraisemblablement à la longue. On couvre bien avec 1,5 couche seulement, selon les couleurs, sans flash entre les couches; il doit bien avoir moyen de faire un gain de productivité avec cela. C'est votre système d'approvisionnement d'air et de séchage qui fera la différence. Si vous n'avez pas un système pour augmenter la température de l'air, vous n'aimerez pas les jours de pluie!

De quel équipement spécial aurons-nous besoin?

La réponse dépend beaucoup de ce que vous avez déjà. Cela vous prendra un bon contrôle de la température et de l'humidité de l'air d'entrée. Votre cabine downdraft doit avoir un débit minimum de 11 000 pi. cu. par minute à la vitesse de 0,6 pi par seconde. Vous pourriez avoir à doter vos cabines de systèmes de chauffage et de soufflage d'appoint. Ceux qu'on installe dans les coins sont moins encombrants que ceux qu'on déplace et dans lesquels on s'enfarge, mais ils sont évidemment plus chers. Les modèles portatifs sont toutefois pratiques pour les petites surfaces repeintes. On veut ainsi réduire le temps de séchage de 50 à 60 %. Par temps humide, les sécheurs deviendront essentiels. La circulation verticale d'air doit aussi être uniforme pour que tout sèche en même temps. On doit disposer de pistolets qui conviennent à l'eau et d'un équipement à l'eau pour les nettoyer. On aura besoin de contenants, spatules et filtres en plastique. Le matériel de masque (le ruban en particulier) devra être d'excellente qualité.

Quelle est la durabilité comparative des couches à l'eau et au solvant?

Les manufacturiers de voitures utilisent déjà la peinture à base d'eau pour 75% de leurs usines; c'est même la majorité des grandes marques qui l'utilisent en Europe, sans qu'on n'ait remarqué quelqu'effet que ce soit sur la longévité des véhicules, même sous des climats semblables au Canada.

Est-ce que les couches à l'eau sont 100% compatibles avec les sous-couches à base de solvants et les couches de clair?

Oui, y compris avec les primers cuits à l'UVA et les couches de clair.

Est-ce que les couches de base à l'eau sont plus sécuritaires que leurs sœurs à base de solvants?

Même si elles sont à base d'eau et qu'elles émettent moins de solvant, les couches à base d'eau contiennent des produits chimiques dangereux qui requièrent un équipement de protection dès qu'on les manipule. Les préposés au mélange ou les peintres doivent suivre les mêmes consignes de sécurité que s'ils utilisaient de la peinture à base de solvant. L'environnement est mieux protégé, mais le travailleur comme tel doit continuer à se protéger! Règle générale, l'odeur générale de l'atelier semblera améliorée, mais cela ne voudra pas dire qu'on devra arrêter les précautions d'usage.

La peinture à l'eau est-elle sensible au gel?

On s'en doute bien! Même un bref temps d'exposition au gel peut ruiner votre stock. On espère que les fournisseurs de peinture offriront une assurance gel et panne d'électricité pour pallier ce risque sérieux au Québec. Certains produits du marché contiennent toutefois peu d'eau ou pas d'eau et seront moins affectés. On recommande de ne rien stocker à moins de 2°C. Les véhicules de livraison eux-mêmes devront vraisemblablement être chauffés l'hiver. On peut imaginer des litiges du genre: «Je l'ai reçue et elle était gelée»... À moins qu'on ne vérifie chaque boîte une à une à la livraison... Chose certaine, dans un pays où il fait moins 20°C pendant quelques semaines, il va falloir vérifier comment les Suédois s'entendent.

Comment faire la transition, d'un coup ou par étape?

Tout atelier est tenté de vouloir travailler en tandem le temps que les professionnels à son emploi s'habituent à la nouvelle technique. On réalise vite toutefois que c'est compliqué d'avoir deux systèmes de nettoyage, deux systèmes de mélange et d'entreposage, etc. en même temps. Mais il y aura certainement un temps de «rodage» à considérer. Il y a lieu d'envisager une telle transition dans une période «plus tranquille» de votre année. Le mieux est de consulter votre spécialiste de peinture et de vérifier aussi auprès d'autres directeurs d'ateliers (dans une autre région que la vôtre!) qui en ont fait l'expérience et qui sont maintenant opérationnels. Chose certaine, il ne vous reste plus grand temps pour réagir, si vous ne l'avez pas déjà fait.